Lorsque l'on sort de chez
moi par le portail tout vert de la résidence
Il faut emprunter
immédiatement la longue route qui descend en pente très raide
Avant de prendre à
droite en arpentant nonchalamment le trottoir
On tombera alors à coup
presque sûr et de façon logique sur eux
Ils sont là en nombre
variable et indéfini formant un groupe disparate
Près d'un pont où
passent des trains mais pas entièrement dessous non plus
Ils sont tous très mal
rasés avec des tronches de poilus de la première guerre
Fagotés à l'arrache de
vêtements aux couleurs qui ne vont pas ensemble
On voit bien que la mode
est un souci qui n'est pas de leur monde
Tout à leur liberté ils
sont bien au-dessus de pareilles futilités
Il y a entre autres
quelques arabes décharnés assis sur un parapet
Un pauvre mec hirsute
toujours debout avec une veste de jogging dégueulasse
Et puis il y a ce gros
type affichant des yeux bonasses et résignés
Ainsi qu'un bide
phénoménal le distinguant de ses congénères
Mais surtout remarquable
par le gros chien à la fourrure mitée
Copie conforme de son
maître sous la forme canine
Qui l'accompagne comme
son ombre misérable mais digne
En guise de décor on
peut apercevoir quelques cadavres de bouteilles
D'autres sont encore bien
vivantes mais leur état de santé se dégrade à vitesse [constante]
Sous l'assaut de la
troupe expérimentée qui tête les goulots comme des biberons
Tous les membres du
groupe sont tellement vieux et usés
Qu'ils semblent là
depuis toujours et pour toujours
Au désespoir des
quelques filles de passage très propres en petite jupe
Qui s'écartent
prudemment sous leurs rires gras et désenchantés
Je suppose qu'ils passent
le plus clair de leur temps à boire de la vinasse
À refaire le monde à
moitié saouls quand c'est pas complètement bouratches
Et à raconter beaucoup
de conneries aussi il faut bien l'avouer
J'ai jamais vraiment su
ce que je voulais faire dans la vie
Mais quand je croise à
la tombée du soir cette faction hors du temps et du monde
Je me dis que j'aimerais
être un clochard et faire partie de leur bande
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Est-on libre de s'oublier,de se détruire et faire de ce temps que du néant ,
RépondreSupprimerà chacun cette question et surtout sa réponse,
salut à toi.
Merci pour ce commentaire, court, mais qui suscite la réflexion :-).
SupprimerJe pense que chacun est libre d'emprunter le chemin qu'il souhaite, quel qu'il soit finalement, puisqu'il n'y a pas de vérité absolue.
Et parfois ce qui est bien vu ou jugé bon aux yeux de la société a en fait, si on l'examine, des répercussions plus négatives ou, du moins, est intrinsèquement plus vil que ce qui est considéré comme répréhensible.
Dès lors, comment ériger de manière péremptoire une façon de vivre comme la meilleure ?
Toutefois, peut-être est-on lié dans nos choix par la souffrance ou le mal que l'on peut infliger à autrui : là se situe sans doute la limite de nos libertés.
A bientôt.